Entamoeba histolytica est une espèce d’amibe parasite du caecum et du colon de l’Homme, du porc, des carnivores domestiques, du rat et des primates non-humains.
Epidémiologie
Entamoeba histolytica est un parasite cosmopolite décrit chez :
- les Singes du Nouveau Monde, notamment les atèles (Ateles), les Callithricidés, les capucins (Cebus spp.), les singes hurleurs (Alouatta spp.), les singes laineux (Lagothrix spp.), et les singes écureuils (Saimiri spp.) ;
- les Singes de l’Ancien Monde, notamment les macaques (Macaca mulatta, Macaca nemestrina, Macaca radiata, Macaca fascicularis, Macaca sylvanus), les colobes (Colobus ), les nasiques (Nasalis larvatus), les vervets (Chlorocebus spp.), les cercopithèques (Cercopithecus spp.), les babouins (Papio spp), les langurs (Colobinae) ;
- les Grands Singes, notamment les chimpanzés (Pan troglotydes), les orangs-outans (Pongo pygmaeus) et les gibbons (Hylobatidés) (Strait et al., 2012 ; Regan et al., 2014).
Il est important de différencier Entamoeba histolytica histolytica, agent pathogène, d’E. histolytica minuta, non-pathogène.
Entamoeba histolytica est un agent de zoonose et l’une des trois principales causes de mortalité parasitaire chez l’Homme (Kantor et al., 2018).
Description
Les kystes d’E.histolytica sont de taille moyenne (10 à 20 μm de diamètre), ronds, colorés au Lugol. Ils présentent un à quatre noyaux de type Entamoeba spp. (noyau subcentral à volumineux endosome excentré et chromatine périphérique grossièrement granuleuse) en fonction du degré de maturité, ainsi qu’une paroi épaisse. Les formes immatures présentent un à quatre noyaux ainsi qu’une vacuole iodophile, alors que les formes matures présentent quatre noyaux sans vacuole iodophile. Ils présentent des corps cristalloïdes aux extrémités arrondies (Euzéby, 2008). Les détails sont davantage visibles avec une coloration au trichrome ou à l’hématoxyline ferrique.
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel comprend les amibes de taille moyenne à grande, et les éléments non parasitaires de taille moyenne. La distinction se fait alors sur le nombre de noyaux, la taille et, en cas de dernière nécessité, sur les organites visualisables après coloration au trichrome ou à l’hématoxyline ferrique. Les kystes d’Entamoebacoli présentent un à huit noyaux de type Entamoeba ainsi que des cristalloïdes aux extrémités pointues. Ils mesurent 10 à 35 μm de diamètre. Les kystes d’E.polecki présentent un seul noyau de type Entamoeba ainsi que de nombreuses inclusions cytoplasmiques. Ils mesurent 9 à 18 μm de diamètre. Les éléments non parasitaires comme les spores ne contiennent pas de structure intracytoplasmique et sont en général à paroi épaisse et plus réfringente (Strait et al., 2012)
Un kyste d’amibe de type Entamoeba et de taille supérieure à 20 μm de diamètre correspondra ainsi à un kyste d’E.coli, de même qu’un kyste d’amibe de type Entamoeba présentant au moins 5 noyaux. La difficulté se pose en présence d’un kyste d’E.coli immature de taille inférieure à 20 μm, ou entre un kyste d’E.polecki et un kyste d’E.histolytica immature à un noyau (le kyste d’E.histolytica présente alors une vacuole iodophile et moins de matériel cytoplasmique que le kyste d’E.polecki) (Strait et al., 2012).
Il est important de différencier E. histolytica histolytica d’E. histolytica minuta grâce à l’utilisation de méthodes complémentaires comme des coprocultures ou des kits de diagnostic spécifiques (Strait et al., 2012).
Signes cliniques
L’infection par E.histolytica peut se manifester par des signes cliniques digestifs, ou être asymptomatique.
Prophylaxie et traitement
L’infection par E.histolytica est une zoonose ; il convient donc de limiter les contacts entre les individus humains et les primates non-humains en captivité, et de réduire le risque de contamination du personnel soignant par des protections.
Les différents traitements contre Entamoeba histolytica chez les primates non-humains sont les suivants :
- Métronidazole : 30 à 50 mg/kg/j par voie orale en 3 prises pendant 5 à 10 jours semble être le traitement de choix (Strait et al., 2012) ;
- Métronidazole-diiodohydroxyquine : 30-40 mg/kg/j en 3 prises en cas d’infection sévère (Strait et al., 2012) ;
- Tétracycline : 25-50 mg/kg une fois par jour pendant 5 à 10 jours (Strait et al., 2012) ;
- Chloramphénicol : 50-100 mg/kg deux fois par jour (Strait et al., 2012) ;
- Paramomycine : 12.5-15 mg/kg deux fois par jour par voie orale pendant 5 à 10 jours (Strait et al., 2012 ; Calle & Joslin, 2015) ;
- Phosphate de chloroquine : 5 mg/kg par jour par voie orale ou intramusculaire pendant 14 jours (Calle & Joslin, 2015).
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